PROGRAMME NATIONAL DE BOURSE DE SECURITE FAMILIALE

PROGRAMME NATIONAL DE BOURSE DE SECURITE FAMILIALE

9 mars 2017 531 Par Ibrahima SENE

La protection sociale est inscrite comme second axe stratégique « capital humain, protection sociale et développement durable » dans le Plan Sénégal Emergent (PSE-2035) .
Pour des raisons d’équité de la politique sociale, le Président de la République Macky Sall a choisi d’allouer la bourse à l’ensemble des sénégalais en situation d’extrême pauvreté et l’ensemble du territoire a été ciblé dès la première année de lancement du PNBSF en septembre 2013. Il n’existe pas, de fait, de communes ni de villages au Sénégal où le programme n’a pas été appliqué.
Pour que nul n’en ignore et pour démontrer que le programme de bourse de sécurité familiale est la plus grande réalisation sociale de l’histoire du Sénégal avec 300 000 familles vulnérables en 2017 et un budget de 30 milliards par an alloués par l’Etat du Sénégal nous vous présenterons tout le courant du mois de mars des témoignages de bénéficiaires de la bourse de sécurité familiale.
Une étude récente déroulée au Sénégal du 21 juillet au 17 août 2016 menée sur deux départements, Gossas (Loumbel Kelly  et Somb)   et Tambacounda (Dialacoto et Hamdalaye Pont) portant sur l’Evaluation qualitative et prospective du Programme National de Bourse de Sécurité Familiale au Sénégal réalisée par IPAR et financée par la FAO démontre l’impact de la Bourse sur les familles vulnérables
Extrait de quelques témoignages tirés de l’étude sur l’ effet  de la bourse sur la sécurité alimentaire des ménages
« La bourse permet d’assurer les 3 repas des bénéficiaires les plus pauvres ». FG Personnes Ressources, Somb. 
« Je suis veuve et avant la bourse, c’était très difficile d’assurer les repas pour les enfants. Mais maintenant, nous pouvons assurer un mois de vivre. On se débrouille pour survivre les deux mois qui suivent ». Focus Groupe Femme bénéficiaire, 35 ans, 9 enfants, Loumbell Kelly
« Grâce à la bourse, nous ne sommes plus obligées de réduire les dépenses alimentaires pendant la période de soudure ». 4 femmes sur 6 d’un Focus Group Femme bénéficiaire, Hamdalaye Pont
« Avant la bourse, je cuisinais des plats de Ndiéleng ou Ngourbane [plat à base de mi], mais maintenant je peux me permettre des plats à base de riz et de légumes. La bourse ne sert qu’à payer la nourriture ». Femme bénéficiaire 3ème génération, 49 ans, veuve qui vit avec son fils ainé et ses 3 enfants, entretien individuel, Somb.
« La bourse m’a permis de réduire la préparation du « sombi » [bouillie de riz au lait] et d’améliorer les menus : par exemple on mange souvent du riz avec de l’huile », Focus Group femmes bénéficiaires, Dialacoto.
Histoire de F  : Entretien individuel d’une femme bénéficiaire de la troisième génération (2015) D’Hamdalaye Pont, département de Tambacounda :
F  a 46 ans. Elle vit à Hamdalaye Pont avec son mari et ses 8 enfants. Il y a douze personnes dans son ménage qui partagent le repas dans la cour. Elle a reçu la bourse pour la première fois l’année dernière en 2015. Elle vit des activités agricoles qu’elle effectue avec son mari et ses enfants.
« Mes principales sources de revenu proviennent de mes activités agricoles. Après une bonne campagne, je peux avoir deux sacs d’arachide, trois sacs de mil et un sac de fonio qui permettront de tenir cinq mois environ ».
« La bourse complète mes revenus toute l’année. Mais elle est surtout importante d’avril à septembre quand on a plus de stock».
« Le dernier versement, on a acheté un sac de riz de 35 kg, 10 pots de pâte d’arachide, des condiments et des chaussures. On dépense la bourse à peu près toujours de la manière, la plus grande partie est utilisée pour assurer les repas.  « Avant la bourse, je faisais une sauce de pate d’arachide pour le déjeuner avec 1,5 kg de riz. Pour le diner, si j’avais les moyens, je préparais de la bouillie avec 500 gr de riz. Maintenant, je prépare jusqu’à 2,5 kg de riz avec une sauce de pate d’arachide pour le déjeuner et le diner. Les premières semaines où je reçois la bourse, je peux assurer les trois repas, ce que je ne pouvais pas avant ».
Depuis qu’elle est bénéficiaire, elle peut davantage demander des crédits au boutiquier ou aux voisins pour accéder à de la nourriture. Fatoumata indique qu’elle pouvait déjà avoir des crédits car elle remboursait à temps ses dettes. Depuis qu’elle reçoit la bourse, ses créditeurs ont encore plus confiance.

Il est clair que la bourse de sécurité familiale a un impact sur la pauvreté au Sénégal. Mais il serait encore mieux d’aller dans le sens d’une approche d’autonomisation de ces populations cibles car l’approche « assistancielle » a montré ses limites en postulant une permanence ou un renouvellement.