Covid-19 : la bataille pour l’accès aux vaccins dans les pays en développement se joue aussi à l’OMC

Covid-19 : la bataille pour l’accès aux vaccins dans les pays en développement se joue aussi à l’OMC

4 février 2021 390 Par Ibrahima SENE

Pour les pays en développement, la lutte contre la pandémie de coronavirus se joue aussi dans l’arène de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Jeudi 4 février, la demande de l’Afrique du Sud et de l’Inde d’introduire une dérogation temporaire aux accords sur les droits de propriété intellectuelle (ADPIC) devait à nouveau être discutée pour tenter de convaincre les quelques pays réfractaires de la nécessité d’assouplir les règles qui protègent les grands groupes de l’industrie du médicament.
« Les Etats, riches ou pauvres, doivent pouvoir disposer de tous les outils pour venir à bout du Covid-19. Or des pénuries à l’échelle mondiale existent dans tous les domaines : vaccins, tests, matériel de protection des soignants… Et la principale raison à cela réside dans la position monopolistique exercée par quelques entreprises », soutient Mustageem de Gama, le négociateur sud-africain à l’OMC, qui poursuit : « La production de tous ces produits essentiels doit être ouverte à d’autres opérateurs. L’urgence sanitaire justifie de sortir des cadres existants qui ne sont pas adaptés à l’ampleur de la crise. »
« Les Etats, riches ou pauvres, doivent pouvoir disposer de tous les outils pour venir à bout du Covid-19. Or des pénuries à l’échelle mondiale existent dans tous les domaines : vaccins, tests, matériel de protection des soignants… Et la principale raison à cela réside dans la position monopolistique exercée par quelques entreprises », soutient Mustageem de Gama, le négociateur sud-africain à l’OMC, qui poursuit : « La production de tous ces produits essentiels doit être ouverte à d’autres opérateurs. L’urgence sanitaire justifie de sortir des cadres existants qui ne sont pas adaptés à l’ampleur de la crise. »

Au nom du droit à la santé, les organisations non gouvernementales Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont décidé de mener campagne pour faire pression sur les pays occidentaux. « Un effort de guerre est nécessaire pour produire des vaccins en quantité suffisante. Les pays riches doivent cesser de faire barrage. Et les laboratoires, qui ont perçu d’importantes subventions publiques pour mettre au point un vaccin, doivent accepter de transférer leur savoir. Seul Astrazeneca/Oxford s’est engagé dans cette voie », souligne Bruno Stagno, responsable du plaidoyer chez HRW.

Alors que l’OMC est toujours dans l’attente de la désignation de sa future directrice générale – seules la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et la Sud-Coréenne Yoo Myung-hee sont encore en lice –, un compromis peut-il être trouvé ? Le débat semble en tout cas incontournable : « Compte tenu de l’extrême urgence, les pays développés et la Chine ont l’obligation morale d’assurer une disponibilité planétaire des vaccins. Il serait injustifiable que la réponse à la pandémie soit limitée pour les bénéfices de quelques firmes pharmaceutiques. Rien ne justifie un accaparement sans limites », rappelle Sébastien Jean, directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) à Paris.