L’U.A. : LES ENJEUX DU 28éme SOMMET d’ Addis Abeba.

L’U.A. : LES ENJEUX DU 28éme SOMMET d’ Addis Abeba.

30 janvier 2017 711 Par Ibrahima SENE

Parmi les propositions de l’équipe de Paul Kagamé pour restructurer l’UA et redéfinir ses priorités : une meilleure division du travail entre la Commission, les communautés économiques régionales et les Etats membres ; la transformation du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) en agence de développement de l’UA ; le renforcement des compétences du président de la Commission ; la mise en œuvre immédiate de la « taxe Kaberuka » de 0,2 % sur les importations – dont le principe a été adopté lors du sommet de juillet – et le renforcement des sanctions pour les pays qui ne paient pas leur contribution, entre autres.

Les chefs d’Etat et de gouvernement sont d’accord. L’UA doit être réformée, et vite. Mais ils ont exprimé leur volonté de bénéficier de plus de temps pour évaluer les propositions du rapport Kagamé. Certains ont regretté un document « trop condensé ». « Les présidents se sont mis d’accord sur ce qui ne les fâchait pas… Ils voulaient obtenir un consensus sur la réforme », analyse un fonctionnaire de la Commission, qui rappelle que les enjeux du sommet sont plutôt le retour du Maroc au sein de l’institution et l’élection d’une nouvelle Commission.

La question polémique du mode de désignation des commissaires – pour l’instant élus par les chefs d’Etat et de gouvernement, mais que l’équipe de M. Kagamé aimerait voir nommés par le président de la Commission – a été balayée et reportée à d’autres discussions. Un tel changement nécessite en effet une modification de l’Acte constitutif de l’UA. « C’est aussi pour ne pas reporter l’élection à la tête de la Commission », souffle une source. Un tel report a déjà eu lieu en juillet 2016, à Kigali.

Pour certains, l’analyse du texte à la veille d’un sommet décisif était une stratégie du président Kagamé. « C’est passé comme une lettre à la poste », selon un observateur, malgré des sujets controversés. Un comité de haut niveau, rassemblant vraisemblablement plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement, pourrait être nommé prochainement pour piloter la mise en œuvre.

Le chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, qui devient président de l’UA à compter de lundi, a regretté le manque de sérieux et d’engagement des dirigeants du continent.

De son côté, le président sénégalais Macky Sall aurait évoqué la nécessité d’accepter « de donner une partie de (sa) souveraineté à la Commission de l’UA ».

A propos de la « taxe Kaberuka » qui ne fait pas l’unanimité, notamment chez les Tunisiens, les Egyptiens et les Mauriciens, le président tchadien Idriss Déby Itno a tranché : « Le sujet a déjà été évacué ! » Traduction : il faudra s’y conformer.

Les interventions de Paul Kagamé ont été saluées par certains témoins. Il se serait ainsi moqué des conseils de prudence de son entourage. Celui qui est trop prudent est « soit paresseux, soit pas convaincu », a-t’-il déclaré, provoquant une salve d’applaudissements.

Source: le Monde.